Environnement: BP 100, ce projet qui fera scintiller la ville de Bohicon

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Faire de Bohicon la ville la plus propre du Bénin à l’horizon 2025. C’est le défis majeur que veut relever l’Ong Cosed-Bénin, « Communauté solidaire pour l’environnement et le développement », une organisation créée par Gilchrist Atchaoué. Gilchrist Atchaoué, jeune entrepreneur social s’est engagé dès son retour du Canada après avoir été offusqué par l’état d’insalubrité de sa ville natale. Avec son engagement que partagent autorités locales, populations de Bohicon et partenaires, l’objectif sera atteint. Dans une interview exclusive  accordée à Best Info vendredi 16 octobre 2020, Gilchrist Atchaoué a révélé les grands axes du projet. L’enregistrement a eu lieu dans les locaux de Best Info à Cadjèhoun.

Best Info : Monsieur le fondateur bonjour ! Gilchrist Atchaoué, pour le peu, nous savons que vous êtes béninois et fondateur de l’ONG COSED. Mais que diriez-vous s’il vous était donné de mieux vous présenter ?

Gilchrist Atchaoué : Je pense que vous m’avez déjà bien présenté. Je suis Gilchrist Atchaoué, je suis béninois. Je suis aussi canadien, fondateur de COSED. COSED, c’est « Communautés Solidaires pour l’Environnement et le Développement ». C’est une ONG que j’ai créée dans le cadre du projet BP100 qui va se dérouler à Bohicon sur les cinq prochaines années.

L’idée de création de COSED BENIN vous est venue dans quelle condition et à quelle époque  de votre vie?

J’ai commencé ce projet en 2019. En fait, l’organisation COSED pilote le projet BP100 qui signifie Bohicon propre à 100%. L’idée m’est venue à mon retour au Bénin en 2019. J’ai vu que le fléau des ordures n’avait pas trouvé de solution pendant les 10 années de mon absence. J’ai donc lancé des petites séances de nettoyage avec les jeunes dans la ville de Bohicon les samedis matin. Cela a duré 6 semaines. Il y avait une bonne ambiance, des repas chauds, etc… Les jeunes et les autorités ont beaucoup apprécié l’initiative. Alors j’ai décidé de la formaliser et d’en faire un grand projet communautaire. Mon ambition est d’en faire le plus grand projet communautaire au Bénin : 500 jeunes volontaires dans les rues de Bohicon pour le nettoyage chaque week-end jusqu’en 2025. C’est ainsi que l’ONG COSED a été créée.

On sait que l’ONG veut travailler pour avoir des cadres de vie sain, c’est tout ?

Essentiellement oui. Mais vous savez que quand on parle d’un cadre de vie sain, c’est seulement la pointe de l’iceberg. Quand le cadre de vie est propre et attrayant c’est toute une économie qui se crée. 

En premier lieu comme nous le savons tous, la propreté évite des maladies. Nous sommes dans un pays où beaucoup de gens dépensent plus du tiers de leur revenu durement gagné, en frais d’hôpitaux. C’est en grande partie à cause des ordures mal gérées.

Mais en plus de ça, la propreté attire aussi la prospérité. Quand c’est propre, vous attirez des touristes, des entreprises des investisseurs. Et la conséquence de tout cela, c’est des emplois dans l’hôtellerie, la construction d’habitations, la bureautique etc… C’est donc toute une économie qui se crée quand on a un environnement propre.

Pourquoi COSED ne devrait pas s’étendre sur d’autres communes, pourquoi ne  pas  aussi travailler dans d’autres pays du monde ?

On va  le faire ! Mais vous savez, quand on commence quelque chose, il faut d’abord le finir et bien. Il faut finaliser un produit avant de dire qu’on va l’exporter. Donc, si on se met à faire le travail un peu partout, c’est sûr que ça réduit la qualité. On a donc voulu se concentrer sur une ville qui est la ville de Bohicon. Quand on se concentre sur une ville, on a un produit clair. Et lorsque les gens verront le travail accompli et seront satisfaits, ils pourront demander nos services dans d’autres villes et pourquoi pas à l’extérieur. 

Quelle est Monsieur le Président, l’approche novatrice de cette ONG puisque nous en avons déjà assez sur le terrain avec presque les mêmes domaines d’intervention…

Rires… Vous savez, on ne réinvente pas la roue. Nous n’avons rien inventé. D’après moi personnellement, ce que j’ai remarqué à travers mes voyages (Canada, France, États-Unis,) est qu’ils étaient développés. Mais pourquoi ? La réponse était simple. Quand vous rentrez dans les villes aujourd’hui, vous constatez qu’il y a de l’ordre. Il y a de l’ordre, il y a de la propreté. Chaque chose est à sa place. Les ordures et les herbes n’envahissent pas les villes. C’est beau, c’est attrayant, et ca donne de la valeur. La valeur se traduit en argent. Par exemple, des circuits touristiques payants, etc… 

Des jeunes déserbant des zones de la ville…

D’un autre côté, les campagnes de nettoyage, c’est vrai ce n’est pas ce qu’il manque au Bénin. Mais personne n’est encore allé jusqu’au bout pour dire : faisons-les à l’échelle d’une ville, avec des descentes tous les week-ends, pour voir ce que cela va donner. Avec BP100, nous avons 260 événements au total. Avec 500 volontaires, 2 heures de travail par semaine, cela fait 260 000 heures de nettoyage. Je pense qu’avec ça, quelque chose va changer dans les habitudes à Bohicon.

Donc, ce n’est pas une idée novatrice, on n’a pas réinventé la roue. On a juste décidé qu’on allait faire du nettoyage, une prestation professionnelle d’envergure municipale, et sur 5 ans. 

Faites-nous maintenant part de l’actualité de COSED BENIN à la date d’aujourd’hui…

COSED c’est l’organisme et BP100 est le projet. Le projet BP 100 sera lancé le 05 décembre 2020. Nous travaillons présentement avec nos partenaires, nous discutons avec la mairie et les partenaires à l’international aussi, pour que les activités se déroulent comme prévu.

Que signifie BP100 dans le contexte de l’ONG COSED ?

BP100, signifie Bohicon propre à 100%.  L’objectif c’est de rendre Bohicon la ville la plus propre du Bénin à l’horizon 2025. Cela implique beaucoup de choses. Ça implique les jeunes, l’administration locale et les acteurs de la société civile à Bohicon. Notre objectif c’est de fédérer toutes les forces vives de la ville de Bohicon et au-delà, pour éradiquer le fléau des dépotoirs sauvages. À l’horizon 2025, nous comptons éliminer tous les dépotoirs sauvages et aider les populations à adopter de meilleurs comportements face aux déchets ménagers.

Travailler dans une ambiance festive, la marque de fabrique de la Cosed Bénin…

Sur combien d’année s’étend le projet et pourquoi ?

C’est sur cinq ans. Pourquoi, parce que notre projet quand on va vraiment au fond de l’idée, ce qu’on essaie de faire comprendre, c’est qu’on veut changer les mentalités. Changer les comportements des populations face aux déchets. Cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut le faire chaque semaine. Nous avons 260 descentes au total avec 500 jeunes. Avec autant de descentes, l’objectif c’est d’habituer les gens au nettoyage et à la propreté.

Le projet pour son exécution a forcément besoin de partenaires techniques et financiers.  Quelle est la diplomatie engagée à ce niveau ?

Effectivement, l’un des premiers piliers pour faire aboutir un projet, c’est d’avoir des partenaires. L’intérêt, c’est de développer l’économie locale. Nos partenaires, l’administration locale par exemple, c’est tout un avantage pour eux qu’on puisse travailler ensemble parce qu’à la fin, c’est des recettes, c’est de l’économie, c’est des emplois qui sont créés au fur et à mesure que nous progressons. C’est de l’attraction touristique aussi. Quand on créé un projet de cette envergure pour faire d’une ville la ville la plus propre d’un pays, vous imaginez l’attraction touristique que ça peut créer surtout pour une ville comme Bohicon qui est une ville carrefour.

Les partenaires internationaux aussi sont très intéressés par ce genre de projet. Beaucoup d’organisations dans le monde ont à cœur l’amélioration de la qualité de vie des gens.

Et une dernière chose aussi, vous savez, aujourd’hui, nous sommes dans une période où l’on parle de pandémie. La COVID, l’Ébola, tous ces problèmes partent de la malpropreté. Que vous soyez au Bénin, au Rwanda ou n’importe où ailleurs, vous devez vous intéresser aux initiatives comme BP100, puisque quand un virus éclos, il peut paralyser tous les pays. L’intérêt pour les organismes partenaires, c’est de participer à la prévention. Nous devons commencer à nettoyer nos villes de leurs déchets pour éviter de mettre la vie de tout le monde en jeu.

De façon objective, c’est quand la toute première activité du projet BP100 ?

Comme je le disais, c’est le 05 décembre. Nous avons plusieurs phases pour le projet. Nous avons trois phases. Donc la première phase, c’est vraiment d’avoir 500 jeunes dans les quartiers de Bohicon, subdivisés en dix groupes de cinquante pour faire le nettoyage dans une ambiance festive de jeunesse. C’est un lieu de rencontre, de travail. Des repas chauds sont distribués à chaque descente. On fait le nettoyage, on élimine les dépotoirs sauvages. Donc, le lancement vraiment c’est le samedi 05 décembre 2020.

Vous parliez de trois phases, quelles sont les autres phases si on considère que ce samedi  là, ce sera la mobilisation de 500 jeunes ?

La première phase, ce n’est pas seulement ce samedi 5 décembre. Comme je le disais tout à l’heure, nous avons 260 événements sur cinq ans. Donc, la première phase, c’est 500 jeunes, divisés en groupes de 50 qui vont faire le nettoyage toutes les semaines. Tous les samedis matin jusqu’au 31 décembre 2025. Ça, c’est la première phase.

La deuxième phase, c’est la fabrication de poubelles. Nous fabriquerons des poubelles qui seront distribuées dans les ménages de la ville de Bohicon. Quand on parle de changement de mentalité, l’objectif, c’est d’amener les gens à ne plus avoir de dépotoirs sauvages dans la ville de Bohicon. Mais qu’est-ce qui arrive en ce temps-là ? Comment est-ce que les gens vont jeter leurs ordures ? Il faut qu’ils aient des poubelles. C’est en cela que logiquement nous mettons place cette deuxième étape. Il y a 38 300 ménages au total dans la ville de Bohicon, et nous voulons que chacun ait sa poubelle chez lui.

Les encablures du marché de la Ville nettoyées par la Cosed Bénin

La troisième phase continue dans la même logique.  C’est-à-dire que si vous avez des poubelles à la maison et vous ne pouvez plus jeter vos ordures au dehors, il faut que la collecte soit bien organisée. Nous allons donc fournir une aide technique aux ONG de collecte déjà sur place, qui d’ailleurs font un excellent travail. En ce moment, parce que les gens peuvent utiliser les dépotoirs sauvages, nous n’avons que 3% des ménages de la ville de Bohicon qui participe financièrement à la collecte. C’est un gros problème car sans la participation des ménages, le travail de collecte ne peut être fait correctement.  En l’absence de ses dépotoirs sauvages donc, nous pourrons simplement habituer les gens à travailler avec les collecteurs de déchets, partenaires de la mairie de Bohicon.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites déjà face ?

Je ne sais pas si j’appelle ça des difficultés. Je ne vois pas le monde de cette façon. Quand on a un objectif en tête, on ne compte pas les difficultés. On compte les étapes. Effectivement, il y a eu des étapes.  On a commencé en septembre 2019. On devait lancer le projet en février 2020 puis entre-temps, il y a eu la pandémie. Le hasard a fait que j’étais au Canada juste un peu avant la fermeture des frontières. J’ai donc dû y rester pendant sept mois. Je suis revenu il y a à peu près un mois et demi. Mais cela nous a permis de préparer les choses du côté du Canada aussi, approcher des institutions internationales etc… Là on est de retour, petit à petit on rencontre les autorités, on rencontre les personnalités importantes, on enrichit le projet. Il y aura toujours des étapes, mais on ne peut pas les appeler des difficultés parce que le projet évolue tous les jours.

Pour finir, comment est-ce que les autorités de la ville bénéficiaire ont accueilli le projet dans son ensemble ?

Oui, ils ont beaucoup aimé. Depuis qu’on a fait notre première rencontre avec le conseil communal de la ville de Bohicon en juin 2019, à l’unanimité, ils avaient voté « oui » pour le projet. Pendant mon absence, l’équipe a changé. Nous sommes donc entrain de renouer le contact. Les premières personnalités à qui nous avons parlé ont beaucoup apprécié et soutiennent le projet. Elles sont ouvertes à la collaboration et sont très contentes du travail que nous sommes entrain de faire. Les ONG de collecte, qui sont des partenaires de la mairie, sont très contentes de notre retour et de notre implication.

La mairie et les ONG de collecte sont des acteurs très importants dans la ville de Bohicon. Ils font d’ailleurs un excellent boulot. Notre objectif est vraiment de faciliter leur travail en faisant graduellement changer les comportements des populations face aux déchets ménagers dans la ville de Bohicon.

Best Info: Merci à vous Monsieur le fondateur pour votre disponibilité.

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