REFORME CONSTITUTIONNELLE AU BÉNIN : TALON RÉALISE LE COUP DE FORCE

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Talon réalise le coup de force

La charpente constitutionnelle en vigueur depuis la conférence des forces vives de la nation de février 1990 a perdu sa virginité. Il a fallu l’avènement de la 8ème législature de l’Assemblée nationale pour assister à ce toilettage partiel de la loi fondamentale du pays. Un accouchement facile puisqu’il a été l’œuvre des 83 députés issus des deux grandes formations politiques de l’institution parlementaire à savoir : le Bloc républicain et l’Union progressiste.

 » Il ne s’agit pas d’une nouvelle république « , se défendent les députés de la 8ème législature qui estiment avoir posé un acte historique. La session budgétaire ouverte à l’Assemblée nationale il y a quelques jours s’est transformée en une session politique sinon révisionniste. Après le vote de la loi sur l’amnistie, les 83 députés ont donc voté en procédure d’urgence la  loi N°2019-40 portant révision de la loi N°90-032 du 11 décembre 1990 portant constitution de la République du Bénin. Cette loi modificative dont la paternité revient au député Augustin Ahouanvoebla ne concerne pas certains fondamentaux de la constitution défunte à savoir : l’intégrité du territoire, la forme républicaine de l’État et la laïcité religieuse. Selon les recoupements, cette nouvelle loi fondamentale vise à moderniser notre système démocratique et l’adapter aux nouvelles exigences de développement. Entre autres innovations apportées par la nouvelle constitution, on retient que le Président de la République ne peut faire plus de deux (02) mandats dans sa vie, les députés ne pourront plus excéder trois (03) mandats, la suppression de la peine de mort, la reconnaissance de la chefferie traditionnelle, la constitutionnalisation de la Cour des comptes, l’organisation des élections générales pour 2026, le parrainage des candidatures est retenu pour  les  présidentielles, à compter de 2021 avec l’instauration du ticket présidentiel ( Président et Vice-président). La nécessité de mettre en pratique les recommandations issues du dialogue politique national des 10, 11 et 12 octobre dernier ont donc conduit à revoir certaines dispositions de la loi fondamentale. Aussi, l’une des plus vieilles constitutions sur le continent noir et dans le monde s’est vue définie de nouvelles directives après 15 ans de tentatives vouées à l’échec. Aussi, son espérance de vie n’ira pas au delà de 30 ans.

Un fétiche qui a fini par être profané 

Vers la fin de son second mandat de 2001 à 2006, Feu Général KEREKOU a tenté vainement de réviser cette loi qui pour les Béninois est comparable à une bible nationale. Les soupçons politiques ont très tôt étouffé l’initiative dans l’œuf. Il a fallu une levée de boucliers générale pour voir le général Mathieu Kérékou abandonner le projet. De même, l’ancien président Boni YAYI a goûté plus d’une fois à cette même saveur de refus catégorique de toute forme de  révision lorsque le peuple a réalisé qu’il voulait d’une révision orientée. Le président Patrice TALON qui a essentiellement basé sa campagne présidentielle sur les réformes institutionnelles, malgré sa bonne foi n’a pas échappé à ce délice pimenté. Ce qui l’a contraint à déclarer publiquement qu’il renonce pour toujours. Mais chose curieuse, c’est sous son mandat quel la constitution béninoise vient donc de connaître sa première modification depuis près de trente ans.

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